91ÉçÇø

Créer une marque centrée sur ses objectifs avec Neil Cuggy (B. Com., 2010)

Neil Cuggy (BCom’10)Dans cet épisode de 91ÉçÇø Management Insights, M. Neil Cuggy, cofondateur, président et directeur de l’exploitation de Goodfood, ainsi que l’animatrice Katherine Lake, étudiante au baccalauréat en commerce (B. Com.) avec spécialisation en finance et en gestion durable, explorent l’évolution de l’entrepreneuriat, les défis liés à la création d’une entreprise et l’importance de s’adapter pour répondre aux besoins de la clientèle. M. Cuggy, diplômé du B. Com. et ancien banquier d’affaires, parle de son parcours depuis ses débuts à Wall Street jusqu’à la cofondation de l’une des entreprises de livraison de repas prêts à cuisiner les plus reconnues au Canada.

Tout a commencé à l’Université 91ÉçÇø, où M. Cuggy a rencontré son cofondateur, Jonathan Ferrari (B. Com., 2010). L’expérience qu’ils ont acquise après leurs études dans le secteur des services bancaires d’investissement leur a permis de consolider leurs bases en raisonnement analytique et de comprendre les différents secteurs d’activité ainsi que le fonctionnement des entreprises. Cependant, la technologie et l’alimentation étaient leurs véritables passions. Goodfood est née au carrefour de celles-ci.

« D’une part, la technologie a permis d’aider la population canadienne à accéder plus facilement à l’épicerie en ligne, pour commander et développer les chaînes d’approvisionnement, explique M. Cuggy. D’autre part, John et moi avons travaillé dans des cuisines toute notre vie. Le secteur alimentaire est un milieu que l’on connaît très bien et que l’on adore. »

Ils ont constaté les lacunes du secteur de l’épicerie au Canada, qui, selon M. Cuggy, stagnait depuis un certain temps. En effet, on observait une faible concurrence des prix et moins d’innovation dans tous les domaines, deux choses qu’il considère comme néfastes pour les consommateurs et consommatrices.

« Quand on a commencé, on cherchait vraiment à trouver une solution à notre propre problème. En tant que jeunes professionnels, on n’avait accès ni à l’épicerie en ligne ni à des ingrédients intéressants comme dans les marchés ou directement à la ferme, indique-t-il. On s’est demandé comment on pouvait les rendre accessibles chaque semaine à l’ensemble des foyers canadiens. »

M. Cuggy met l’accent sur le fait que, malgré le succès de l’entreprise, le chemin pour créer Goodfood est loin d’avoir été glorieux.

Il explique : « John et moi parlons souvent des premiers jours de livraison. » Au lancement de l’entreprise, leur petit appartement montréalais était leur quartier général, et ils préparaient tout eux-mêmes. Ils pensaient faire livrer les boîtes de repas par Postes Canada, mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu.

« Lors de notre première semaine, 14 boîtes devaient se faire livrer le lendemain. Or, soudainement, la livraison ne pouvait plus avoir lieu. Comme tout bon entrepreneur, nous avons trouvé une solution. Nous avons rempli nos voitures pour livrer les boîtes nous-mêmes! »

Même si ce n’était pas la façon dont ils prévoyaient commencer, ce problème s’est avéré une bénédiction, ajoute-t-il. En effet, en livrant les boîtes eux-mêmes, ils ont constaté les défis logistiques de la livraison dans des résidences, des immeubles d’appartements et des bureaux. Autrement, ils n’auraient pas compris ces enjeux, et les leçons qu’ils ont tirées de cette expérience les ont beaucoup aidés au moment de voir plus grand.

Aujourd’hui, Goodfood sert des centaines de milliers de personnes à travers le Canada et a élargi son offre par rapport à ses débuts. Ce qui n’a pas changé, ce sont les valeurs et l’objectif de l’entreprise.

« L’un des aspects que nous voulions absolument prioriser, c’est l’attention que nous accordons à la clientèle, explique M. Cuggy. C’était facile au début, quand Goodfood perdait de l’argent et que nos investisseurs nous soutenaient essentiellement pour augmenter nos revenus et nos commandes, sans attendre de bénéfices en retour. »

Cependant, quand le chiffre d’affaires atteint 600 millions de dollars, que le personnel compte 5 000 membres et que les installations sont au nombre de 15, comme c’est le cas pour Goodfood, il peut devenir très complexe de continuer à surpasser les attentes de la clientèle sans sacrifier le résultat net.

« Je dirais qu’être rentable du point de vue de la clientèle et dans l’absolu est loin d’être aussi difficile que de faire croître l’entreprise, ajoute-t-il. Il s’agit donc de peaufiner la promesse que nous faisons à notre clientèle pour nous assurer de continuer à offrir une expérience exceptionnelle dont elle aura envie de parler à son entourage et qui la motivera à rester fidèle. »

Selon M. Cuggy, le succès de Goodfood est attribuable à sa compréhension de la clientèle et à sa volonté de la satisfaire le mieux possible.

M. Cuggy, M. Ferrari et leur équipe ont eu recours à des sondages, à des entretiens avec la clientèle et à des analyses de données pour affiner constamment leurs offres. Bon nombre des plus grandes améliorations sont venues du simple fait de demander aux gens ce qui leur manquait et comment Goodfood pouvait les aider.

Au fil de la croissance de l’entreprise, M. Cuggy a remarqué que son style de leadership évoluait. Il admet qu’au début, l’objectif était simplement de survivre, mais qu’avec le temps, il est devenu important de favoriser une bonne culture d’entreprise.

« Plus on s’éloigne des membres fondateurs de l’équipe et de la culture de départ, plus les gens ont tendance à se créer une sous-culture, explique-t-il. Ils établissent leur propre stratégie, leurs propres indicateurs de performance qu’ils veulent gérer, et ils perdent un peu de vue l’objectif principal, qui est de satisfaire la clientèle et de gagner de l’argent en le faisant. »

Chez Goodfood, pour gérer cet aspect, on a demandé à la haute direction de toujours garder à l’esprit la vision et les priorités de l’entreprise, de les rappeler aux équipes et de motiver le personnel à les respecter.

Il ajoute : « De nombreux propriétaires d’entreprise ne réalisent pas vraiment que leur mentalité et leur état d’esprit freinent leur progression. »

À l’avenir, M. Cuggy et M. Ferrari espèrent élargir leurs offres, notamment en développant les options de prêt-à-manger qu’ils viennent de lancer.

« Nous pensons que l’avenir de la gastronomie se situe quelque part entre une offre de plats préparés pour le déjeuner, le dîner ou le souper, et une offre de repas prêts-à-cuisiner qui demandent un peu plus de temps ou d’efforts à préparer pour servir un repas un peu différent. »

Ils s’intéressent aussi à d’autres créneaux que celui de la vente directe aux consommateurs et consommatrices et voient d’autres occasions pour la marque de rayonner dans les collectivités, en plus de trouver des moyens de remplir leur mission de créer une planète plus saine.

« Nous venons de suivre le processus rigoureux pour obtenir la certification B Corp, qui s’est avéré très réjouissant et concret, indique M. Cuggy. Nous voulons être à l’avant-garde, faire de la sensibilisation et parler de ce que nous faisons avec les agriculteurs et agricultrices ainsi qu’avec nos fournisseurs d’emballages pour faire des choix plus écologiques et durables. »

Écoutez l’épisode complet pour en savoir plus sur l’évolution de Goodfood et sur sa croissance durable, et pour entendre les conseils de M. Cuggy à ceux et celles qui souhaitent se lancer en affaires.


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Cet épisode est animé par :

Katherine Lake
Katherine Lake
(B. Com. 25)

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